La pression internationale se fait de plus en plus manifeste contre le Rwanda, dans le cadre de l’offensive du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). L’Union européenne (UE) a annoncé vendredi 21 février la convocation de l’ambassadeur du Rwanda auprès de l’UE, condamnant l’offensive du M23 et « exhort[ant] le Rwanda et toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les hostilités et à revenir au dialogue ».
La veille, le ministère des affaires étrangères allemand a convoqué l’ambassadeur rwandais à Berlin, condamnant « fermement la violation du droit international » que constitue, selon lui, la présence des troupes rwandaises en RDC.
De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé, jeudi, des sanctions financières contre le ministre de l’intégration régionale rwandais, James Kabarebe, accusé d’« orchestrer le soutien » du Rwanda au Mouvement du 23 mars (M23) dans l’est de la RDC. M. Kabarebe est une « personnalité politique et militaire de premier plan qui a joué un rôle essentiel dans les conflits en RDC ces trois dernières décennies », souligne le ministère des finances américain dans un communiqué.
A la tête des forces rwandaises en RDC entre 1996 et 1998, il a été ministre de la défense (2010-2018) puis conseiller à la sécurité du président Paul Kagame. Washington lui reproche d’« orchestrer le soutien de l’armée rwandaise » au M23, une rébellion qui s’est emparée depuis la fin de 2021 de larges pans de territoire de la province du Nord-Kivu. A la fin de janvier, le groupe armé a pris le contrôle de Goma, capitale du Nord-Kivu, avant de poursuivre son avancée vers Bukavu, capitale du Sud-Kivu, tombée dimanche.
Le Rwanda dénonce des sanctions « injustifiées et infondées »
« Les Etats-Unis appellent les responsables rwandais à mettre fin à leur soutien au M23 » et à « respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC », écrit le ministère des affaires étrangères américain dans un communiqué distinct. De même, le ministère des affaires étrangères allemand, qui a convoqué jeudi l’ambassadeur rwandais à Berlin, demande à Kigali de « respecter l’intégrité de la RDC » et de « retirer ses troupes ». L’Allemagne réclame « un processus politique », seul moyen, selon elle, de trouver une « solution au conflit » et d’« empêcher une escalade régionale ». Kinshasa doit pour cela « parler au M23 et prendre au sérieux les intérêts légitimes de sécurité du Rwanda », estime Berlin.
« Les sanctions [américaines] sont injustifiées et infondées », a réagi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo : « La communauté internationale devrait soutenir et non saper les efforts en cours dans la région pour trouver une solution politique. »
Washington a également sanctionné le porte-parole politique du M23, Lawrence Kanyuka, qui détient une société enregistrée au Royaume-Uni et une autre en France, selon le communiqué. Les sanctions entraînent le gel des avoirs détenus directement ou indirectement par les entreprises visées aux Etats-Unis, ainsi que l’interdiction pour des entreprises établies aux Etats-Unis ou des citoyens américains de commercer avec les cibles des sanctions sous peine d’être sanctionnés à leur tour. Elles viennent aussi, de fait, compliquer les échanges commerciaux des entreprises sous sanctions en limitant leur possibilité d’utiliser le dollar dans leurs transactions, au risque de tomber sous juridiction américaine.
Contribuer
Réutiliser ce contenu