Politique
Samedi dernier à Dar es Salam, le sommet initié par la SADC (communauté de développement de l’Afrique australe et l’EAC (Communauté des Etats d’Afrique de l’Est) consacré à la résolution de la crise en République démocratique du Congo aura fait un heureux et un mécontent : le président rwandais Paul Kagame, qui boit du petit lait à l’issue de la rencontre, pendant que son homologue du Congo, Etienne Tshisekedi, qui a participé par vidéoconférence, broie du noir et fait grise mine.
Non seulement les participants se sont bien gardés de condamner l’intervention militaire rwandaise en RDC, mais ils ont également fait appel à l’ouverture d’un dialogue avec tous les protagonistes concernés, y compris les parties non étatiques. Comprenez donc y compris le mouvement du 23-mars, le M23.
Au grand dam donc de Kinshasa qui tenait à ce qu’on appelle un chat un chat ou si vous préférez un parrain du M23 avec qui il n’est pas question d’engager un quelconque dialogue qui soit, à fortiori avec une organisation qualifiée par les autorités congolaises de « mouvement terroriste ».
Celui que ses supporters surnomment affectueusement Fatshi aura donc été quelque part le grand perdant de cette bataille diplomatique qui s’est jouée ce week-end dans la capitale tanzanienne. Seule consolation pour lui, et c’est là où les deux pays se rejoignent, l’appel à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel et à l’arrêt des hostilités dans l’est de la RDC.
Cette injonction de la SADC et de l’EAC intervient alors que le M23 qui avait décrété un cessez-le-feu à partir du 4 février a repris contre toute attente les hostilités et ses troupes, après avoir conquis Goma ne seraient plus qu’à une centaine de kilomètres de Bukavu, comme s’il voulait consolider ses positions dans la perspective d’éventuelles négociations à venir.
Il faut donc espérer que l’appel des chefs d’Etats de la SADC et de l’EAC soit entendu de part et d’autre et que cela permette de répondre à l’urgence humanitaire de plus en plus prégnante. Prises entre deux feux, les populations ne savent plus à quel saint se vouer, les morts s’entassent par milliers, l’approvisionnement en médicament, en nourriture et en eau potable devient de plus en plus problématique. Il est fait état de plus de 3000 morts et de près de 3000 personnes déplacées ; de nombreuses victimes de violence sexuelle ; d’hôpitaux débordés et de déplacés laissés à eux-mêmes. Et tout le monde craint l’embrasement de la région, chaque pays pensant à sa propre situation.
Le mérite de ce Sommet, c’est d’avoir pu se tenir déjà, en présence physique du président rwandais et virtuelle d’Etienne Tshisekedi. Qui plus est, quand on sait que les deux organisations n’ont pas la même lecture de la crise sécuritaire dans l’est du Congo. L’EAC, comme on le sait, penche pour Kigali quand la SADC, soutenue par la puissante Afrique du Sud, qui a y déjà perdu 14 soldats, soutient la RDC. D’où d’ailleurs le clash entre Cyril Ramaphosa et Kagamé, ce dernier accusant Pretoria de combattre auprès des FARDC, sous couvert de la MONUSCO.
Autant dire qu’il faut attendre les jours à venir pour mesurer le véritable impact des décisions prises à Dar es Salaam…
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