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Violences dans l'est de la RDC : réunion à l’ONU pour lancer une enquête internationale sur les exactions commises

De jeunes habitants regardent des membres de la Croix-Rouge congolaise et de la Protection civile enterrer des dizaines de corps, le 3 février 2025 dans un cimetière de Goma en RDC.

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Par avec AFP

Les 47 pays membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sont réunis ce vendredi pour décider s'il  lance une mission internationale chargée d'examiner les exactions commises dans l'Est de la République démocratique du Congo, région en proie à une fulgurante offensive du groupe armé M23 et des troupes rwandaises.

"Si rien n'est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l'est, mais aussi au-delà de la RDC", a alerté le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, devant le Conseil, affirmant que le risque d'escalade de la violence dans la région "n'a jamais été aussi élevé".

"Aujourd’hui la communauté internationale regrette de ne pas être intervenue en 1994 pour stopper le génocide (rwandais, ndlr). La RDC voudrait interpeller cette communauté internationale pour dire, attention, le même président Kagame, dont le peuple a été victime d’un génocide, est en train de faire la même chose", a affirmé Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu et actuel ministre du Commerce extérieur, lors d’un point avec la presse à Genève.

"Ce sera une occasion pour nous […] de demander au monde d’agir, d’arrêter ce qui se passe", a insisté le porte-parole du gouvernement de la RDC Patrick Muyaya à ses côtés, affirmant que la communauté internationale "n’en fait pas assez".

Kinshasa a demandé cette réunion extraordinaire, avec le soutien de près de 30 pays membres du Conseil dont la Belgique et la France, pour examiner la crise dans l’est du pays, où le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, a pris la semaine dernière le contrôle de la ville de Goma.

Après s’être emparés de la capitale de la province du Nord-Kivu, une région riche en minéraux, le M23 et les troupes rwandaises ont lancé mercredi une nouvelle offensive dans la province voisine du Sud-Kivu. Le M23 a ainsi rompu un cessez-le-feu qu’il avait décrété "pour des raisons humanitaires" à partir de mardi, après les combats à Goma qui ont fait au moins 2900 morts, selon un bilan de l’ONU risquant encore de s’alourdir.

"Ce sont des faits qui doivent être documentés maintenant", a relevé l’ambassadeur de la RDC à Genève, Paul Empole Efambe, auprès des journalistes. "La détérioration continue de la situation humanitaire et sécuritaire dans cette région exige une attention urgente de la communauté internationale", a-t-il dit à l’occasion d’une réunion de diplomates.

Lors de cette même réunion, l’ambassadeur du Rwanda, James Ngango, a assuré que son pays "défendra sa sécurité par tous les moyens".

Sanctions

Le projet de résolution déposé par la RDC "condamne fermement l’appui militaire et logistique des Forces de défense du Rwanda au groupe armé M23" et "demande au M23 et au Rwanda de mettre immédiatement fin à leurs violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits".

Il prévoit "l’établissement d’urgence d’une mission indépendante d’établissement des faits sur les graves violations et atteintes aux droits de l’homme et les graves violations du droit international humanitaire commises dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu", dans le but d’identifier les "auteurs de crimes" afin qu’ils puissent par la suite être traduits en justice.

Plus de 77 organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch, ont publié une lettre commune appelant à la création d’un tel organe international. La mission des enquêteurs, si elle est acceptée par le Conseil, sera d’examiner les faits couvrant la période allant de janvier 2022 jusqu’à la présentation du rapport complet en septembre.

En plus de trois ans de conflit, l’armée congolaise, réputée mal formée et minée par la corruption, n’a cessé de reculer dans l’est du pays. La communauté internationale et des pays médiateurs comme l’Angola et le Kenya tentent de trouver une issue diplomatique à la crise, craignant un embrasement régional. Kinshasa a exhorté la communauté internationale à sanctionner Kigali, sans effet à ce stade. Le porte-parole du gouvernement de RDC, Patrick Muyaya, a appelé la communauté internationale à mettre en œuvre des sanctions "robustes" et à "suspendre la coopération économique avec le Rwanda".

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