
A Bukavu, grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la confusion règne samedi 15 février, au lendemain de l’entrée dans la cité d’un million d’habitants de combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises. Vendredi soir, le groupe armé antigouvernemental est entré quasiment sans résistance dans la capitale de la province du Sud-Kivu, peu après avoir pris l’aéroport provincial à une trentaine de kilomètres.
Après s’être emparés à la fin de janvier, au terme d’une offensive éclair, de Goma, capitale de la province voisine du Nord-Kivu, les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) et les soldats rwandais ont poursuivi leur avancée dans le Sud-Kivu. Selon des sources sécuritaire et locale, Bukavu n’est pas encore totalement sous contrôle du groupe armé, qui menait encore en fin d’après-midi des opérations de sécurisation aux abords de la ville.
Les forces armées congolaises et des troupes burundaises en appui se sont repliées vendredi face à l’avancée du M23 sur Bukavu. Les militaires congolais et leurs familles avaient reçu consigne de quitter leurs bases situées en ville, selon des sources sécuritaires. Quelque 10 000 soldats burundais sont déployés dans l’est de la RDC aux côtés des forces armées congolaises (FARDC).
Des tirs sporadiques ont résonné quasiment tout au long de la journée dans Bukavu, selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). La plupart des habitants sont restés terrés chez eux et dans les rues quasi désertes, aucun véhicule ne passe. Des pillages ont été signalés notamment dans les supermarchés, les réserves entreposées près du grand marché de la ville ainsi que dans un entrepôt du Programme alimentaire mondial, selon plusieurs témoignages.
Appels à la désescalade
Le M23 a annoncé samedi dans un communiqué attendre de la population de Bukavu qu’elle s’organise « en comités de vigilance pour assurer la sécurité ». Le groupe armé a également exigé « le retrait immédiat » des soldats burundais. Outre le Burundi, l’Ouganda et l’Afrique du Sud ont des soldats déployés dans l’est de RDC en soutien à l’armée congolaise.
Depuis la récente intensification du conflit, les appels de la communauté internationale à une désescalade et un cessez-le-feu se sont multipliés, jusqu’ici en vain, sur fond de crainte d’une guerre régionale. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réitéré samedi, à l’ouverture du sommet de l’Union africaine dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, un appel à « éviter à tout prix une escalade régionale ».
La diplomatie française a appelé dans une déclaration au « retrait sans délai » des forces rwandaises et s’est dite prête à prendre des « sanctions ». En fin d’après-midi, Emmanuel Macron a déclaré sur X avoir échangé avec son homologue de RDC, Félix Tshisekedi, réitérant la position française et appelant « le Rwanda à soutenir la mise en œuvre de ces mesures d’urgence », parmi lesquelles un cessez-le-feu et le retrait immédiat du M23 de Bukavu. L’Union européenne a de son côté annoncé sur X examiner « en urgence toutes les options à sa disposition ».
La RDC, qui réclame depuis des mois des sanctions contre le Rwanda, s’est félicitée par la voix de sa première ministre à Addis-Abeba d’un « changement de narratif » de la communauté internationale. Environ 4 000 militaires rwandais sont présents dans l’est de la RDC, selon l’ONU.
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